Implication Des Hommmes Dans Les Programmes ECCD Africa
IMPLICATION DES HOMMES DANS LES PROGRAMMES ECCD
Exemple du Projet de renforcement des capacités locales pour la promotion de la Petite Enfance PROCAPE,
C’est une tendance universelle que de confier la prise en charge des tout petits aux femmes. Les raisons qui l’expliquent sont souvent liées au fait que c’est une fonction dévolue aux femmes par la relation naturelle mère- enfant. Ainsi même dans la plupart des programmes destinés aux jeunes enfants les femmes sont en première ligne ; pourtant les données actuelles en matière de petite enfance montrent qu’une implication des hommes dans la prise en charge des enfants est plus que nécessaire puisque l’enfant bénéficie d’en environnement plus stimulant lorsqu’il est entouré à la fois par les femmes et les hommes.
C’est pour tenir en compte cette dimension que le Projet de renforcement des capacités locales pour la promotion de la Petite Enfance (PROCAPE), au niveau de l’ Unité de Programme de Louga au Sénégal (2005-2008) a prévu dans ses structures un Comité de suivi dans lequel se trouve des hommes.
L’objectif de ce projet était de contribuer à l’amélioration de l’état nutritionnel, sanitaire ainsi qu’au développement cognitif, psychomoteur, émotionnel et à la protection des enfants de 0 à 3 ans principalement, et de 0 a 6 ans subsidiairement, afin de les préparer à une vie saine et productive.
Dans sa stratégie, le PROCAPE s’est appuyé sur des structures locales de gestion créées au niveau des villages partenaires et regroupant les représentants des différentes couches sociales : femmes, hommes, jeunes et enfants. Des groupes de jeu, accueillant une cinquantaine d’enfants de 0 à 3 ans par village ont été créés.
Dans plusieurs villages, la participation des hommes a été un élément déterminant dans la réussite du projet tant elle a été multiforme.
DESCRIPTION DES ACTIVITES DES HOMMES DANS LE PROJET
Avant le PROCAPE, il n’y avait pas d’expérience avérée de programme de DIPE dans les 50 villages couverts par le projet ; il fallait donc d’abord sensibiliser les parents qui ont un important rôle à jouer dans la prise en charge des tout petits. Dans les villages de Thilène (59 enfants de 0 à 3), de Beul Guèye (67 enfants et de Pal Khelli (67), les chefs de villages ont reçu l’appui de personnes influentes telles que le président de l’association des parents d’élèves, le maitre coranique le conseiller rural, le représentant des jeunes, pour organiser des réunions publiques d’information et de sensibilisation et faire du « porte à porte » afin d’expliquer à chaque père de famille l’intérêt du projet qui porte sur le développement intégré du jeune enfant.
Généralement les hommes interviennent à 3 niveaux :
1. La prise de décision
2. La mise à disposition de locaux
3. L’appui nutritionnel
Après la phase de sensibilisation, les notables du village se rencontrent et discutent de la position à prendre concernant l’acceptation ou non des activités de petite enfance dans le village.
Une fois la décision prise, les hommes s’occupent entièrement des locaux devant abriter le groupe de jeu, soit en construisant un abri (Pal Khelli), soit en prêtant leurs bâtiments comme c’est le cas à Thilène et à Beul Guèye.
Dans chacun des villages,les hommes collaborent étroitement avec les femmes pour fournir régulièrement un appui nutritionnel indispensable à la croissance des enfants. Dans certains villages, l’appui est financer alors que dans d’autres, il est en nature riz, mil, haricot, etc.
Les hommes effectuent également des visites de suivi dans les groupes de jeu pour s’enquérir de l’état des tout petits, des problèmes des mères volontaires et des besoins d’appui. Quelques uns parmi eux leur font des contes ou leur apprennent des chansons.
C’est dire qu’ils ont une bonne appréciation des activités du Projet qui a eu, selon eux, des résultats positifs dans leurs villages respectifs.
PERCEPTION PAR LES HOMMES DES ACTIVITES DIPE
Les hommes ayant participé au projet ont tous déclaré avoir constaté des changements de comportements positifs chez les tout petits. A Beul Guye, le chef de village a dit ceci : depuis la mise en place du groupe de jeu, mes petits enfants sont devenus plus propres ; ils se lavent les mains avec du savon avant de manger. Quant au président de l’association des parents d’élèves, âgé d’une cinquantaine d’années, il se dit impressionné et ému par la manière dont sa fille de trois ans lui raconte des contes que lui-même avait oubliés. Je me rends compte qu’elle est plus éveillée que je ne l’imaginais. A Thilène, le président du comité de suivi avoue mes relations avec les tout petits ont complètement changé. J’ai toujours pensé qu’on ne pouvait éduquer qu’avec le bâton ; ce qui est faux ; depuis qu’on m’a appris à jouer et à mieux communiquer avec mes enfants, ils sont plus épanouis et se comportent mieux. Jamais je ne frapperai mon enfant.
Un autre père de famille à Beul a déclaré que son enfant est beaucoup plus éveillé que lui lorsqu’il avait le même âge et que désormais ils ont acquis une expérience qui leur permettra de poursuivre les activités de petite enfance même sans l’appui du Projet.
Dans quelques villages,les hommes suppléent aux femmes lorsque celles-ci sont occupées par des activités commerciales ou champêtres. Ils sont aidés par les grands-mères dans cette tache.
Beaucoup d’hommes affirment qu’ils son devenus plus proches des enfants depuis l’implantation du Projet ; ils inter agissent mieux avec eux.
C’est dire donc que les Programmes de petite enfance, s’ils sont mieux orientés vers une plus grande sensibilisation des hommes, toute la communauté y gagne.
Il faut cependant noter qu’il ya la majorité des hommes qui n’est pas encore impliquée dans les activités mais les résultats acquis dans les villages où cet engagement est noté, font prendre conscience petit à petits aux autres hommes. Les changements de comportement se font sur une longue période.